Matrice conformité KYC AMF : construire un système anti-blanchiment efficace 2025

Guide complet pour construire une matrice de conformité KYC AMF. Processus, responsabilités, fréquences et preuves pour réussir vos contrôles AMF/ACPR.

Équipe Swiftgum
9 min de lecture
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Pourquoi ce guide ?

La connaissance du client (KYC) n'est pas qu'un simple formulaire : c'est un véritable système de vigilance continue qui structure toute la relation d'affaires. L'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) rappellent régulièrement que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) repose sur une approche par les risques, l'identification et la vérification de l'identité des clients et de leurs bénéficiaires effectifs, des mesures de vigilance pendant toute la relation d'affaires, la déclaration des soupçons à Tracfin ainsi que des obligations de contrôle interne et de gel des avoirs.

En cas de contrôle, l'AMF vérifie que le conseiller en investissements financiers (CIF) a bien produit le document d'entrée en relation, la lettre de mission et la déclaration d'adéquation avant tout conseil en investissement, qu'il a recueilli et analysé les informations nécessaires sur son client et qu'il a évalué l'adéquation du produit proposé.

Pour être prêt, une matrice de conformité permet de relier chaque exigence réglementaire à un processus, un responsable, une fréquence de mise à jour et un support de preuve.


Table des matières


1. Comprendre les exigences clés de l'AMF

1.1 Identification et vérification des clients et des bénéficiaires effectifs

La 4ᵉ et la 5ᵉ directive anti-blanchiment exigent une évaluation des risques, l'identification et la vérification de l'identité des clients et de leurs bénéficiaires effectifs, des mesures de vigilance à l'entrée et tout au long de la relation d'affaires, la déclaration des soupçons à Tracfin et la mise en place de contrôles internes.

La position-recommandation AMF DOC-2019-16 insiste sur :

  • La distinction entre l'identification et la vérification de l'identité
  • L'obligation pour les entités de consulter le registre des bénéficiaires effectifs (Registre du commerce et des sociétés) sauf en cas de risque faible
  • La notion de bénéficiaire effectif en dernier ressort
  • Le renforcement des mesures de vigilance lorsqu'une opération implique un pays à haut risque

Les lignes directrices ACPR précisent qu'en cas de doute sur l'authenticité d'un document d'identité, l'organisme financier doit recueillir un second document ou tout justificatif comportant les nom, prénoms et date de naissance (carte Vitale, livret de famille, extrait d'état civil).

Point pratique : Pour une personne morale, il convient de vérifier l'identité au moyen d'un extrait K-bis ou d'un acte officiel datant de moins de trois mois ; si le représentant n'est pas présent, une copie certifiée obtenue directement via les greffes des tribunaux ou via l'outil DataInpi est exigée.

1.2 Devoir de conseil et documents contractuels

Le contrôle AMF ne se limite pas à l'anti-blanchiment. Avant tout conseil en investissement, le CIF doit remettre un document d'entrée en relation qui présente ses informations administratives et les modalités de traitement des réclamations et de médiation.

Ensuite, il doit établir une lettre de mission définissant précisément les services offerts et, pour toute recommandation d'investissement, une déclaration d'adéquation justifiant le conseil donné et exposant de manière équilibrée les avantages et les risques, en tenant compte de l'expérience, de la situation financière et des objectifs du client.

La Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine rappelle que la déclaration d'adéquation est prévue à l'article L. 541-8-1 du Code monétaire et financier et précisée à l'article 325-17 du règlement général de l'AMF ; elle doit justifier les propositions et présenter avantages et risques en fonction du profil du client.

L'AMF ajoute qu'elle doit mentionner si le test d'adéquation sera réalisé périodiquement et qu'elle doit être mise à jour au moins une fois par an ou lorsqu'un événement modifie la situation du client.

1.3 Mise à jour et vigilance continue

Les lignes directrices ACPR soulignent qu'un dispositif de mise à jour des connaissances doit être prévu dans les procédures internes, indiquant la fréquence et l'étendue des éléments à actualiser.

La fréquence dépend du profil de risque de la relation d'affaires ; la mise à jour est indispensable :

  • En cas de changement de bénéficiaire effectif
  • Lors de la souscription d'un nouveau produit
  • Lorsque les informations d'entrée ne permettent pas de lever une alerte

Les organismes doivent également conserver l'ensemble des documents et informations recueillis pendant cinq ans à partir de l'exécution de l'opération ou de la cessation de la relation d'affaires.

1.4 Contrôle interne et sanctions

Les associations professionnelles vérifient que les conseillers respectent les conditions d'accès et les règles de bonne conduite, actualisent leurs connaissances par des formations régulières et peuvent les sanctionner en cas de manquement.

L'AMF agrée ces associations, approuve leurs codes de bonne conduite et contrôle ou sanctionne les CIF en cas de non-respect. En cas de manquement, les sanctions vont de l'avertissement à des amendes pouvant atteindre plusieurs milliers d'euros et jusqu'à la radiation.

Les conseillers doivent également appliquer les règles LCB-FT :

  • Surveillance des transactions suspectes
  • Signalement à Tracfin
  • Procédures internes de contrôle
  • Obligations du RGPD (sécurisation des données, transparence et droit de rectification)

2. Concevoir une matrice de conformité KYC/AMF

Une matrice de conformité permet de passer des obligations théoriques à des actions concrètes. L'objectif est d'avoir, pour chaque exigence, un processus clair, un responsable désigné, une fréquence de mise à jour et les éléments de preuve à produire en cas de contrôle.

2.1 Axes de la matrice

Axe de la matriceDescriptionExemple concret
Exigences réglementairesRegroupement des obligations par catégoriesKYC/LCB-FT, Devoir de conseil, Documentation obligatoire
Processus et tâchesDétail des actions à réaliserCollecte CNI, vérification K-bis, consultation registre BE
ResponsableAttribution claire des rôlesConseiller, Compliance officer, Back-office, Direction
FréquenceCalendrier selon le niveau de risqueAnnuel (risque faible), Semestriel (risque élevé)
Preuves et archivageDocuments à conserver 5 ansCNI, K-bis, DER signé, DA, logs d'actions

Catégories d'exigences réglementaires

  1. KYC et LCB-FT : identification et vérification du client, consultation du registre des bénéficiaires effectifs, analyse du risque, vigilance constante, déclaration des soupçons, gel des avoirs

  2. Devoir de conseil : analyse des produits, recueil des informations sur les connaissances, l'expérience, la situation financière et les objectifs, évaluation de l'adéquation, transmission d'informations claires

  3. Documentation obligatoire : DER, lettre de mission, déclaration d'adéquation, test d'adéquation annuel ou déclenché par un événement, bulletins d'information des produits

  4. Mise à jour et archivage : mise à jour du KYC selon le profil de risque, déclenchement en cas d'événement ou d'alerte, conservation des documents pendant cinq ans

  5. Contrôle interne : procédures internes formalisées, formation, contrôle de second niveau, reporting à l'AMF, gestion des conflits d'intérêts

2.2 Intégration de déclencheurs automatiques

Pour alimenter la vigilance constante, intégrez des déclencheurs automatiques :

  • Expiration de document (CNI, K-bis, justificatifs)
  • Changement de bénéficiaire effectif
  • Nouvelles sanctions (listes de gel, pays à haut risque)
  • Mouvements financiers atypiques
  • Modification de la situation du client

3. Exemple concret de matrice

Voici un exemple simplifié de matrice de conformité KYC/AMF :

ObligationResponsableFréquence / déclencheurPreuve à conserver
Identification et vérification du clientConseiller / Back-officeEntrée en relation + opérations importantesCNI, K-bis, capture registre BE, analyse de risque
Devoir de conseilConseillerEntrée en relation + avant chaque conseil + annuelDER signé, questionnaire, lettre mission, DA
Vigilance continue (LCB-FT)Compliance officerQuotidien + trimestriel + alertesJournal alertes, déclarations Tracfin, origine fonds
Mise à jour périodiqueConseiller / ComplianceSelon risque (6M-12M) + événementsNouvelle fiche KYC, DA mise à jour, logs contact
Conservation et traçabilitéBack-office / ITContinu + audit interne annuelCoffre-fort numérique, registres accès

Processus détaillés par obligation

Identification et vérification du client :

  • Collecter la pièce d'identité et vérifier l'authenticité
  • Pour une personne morale, obtenir un extrait K-bis < 3 mois
  • Consulter le registre des bénéficiaires effectifs
  • En cas de doute, recueillir un second document officiel

Devoir de conseil :

  • Remettre le document d'entrée en relation
  • Interroger le client sur ses connaissances, situation financière, objectifs, tolérance au risque
  • Rédiger la lettre de mission
  • Réaliser le test d'adéquation
  • Produire la déclaration d'adéquation équilibrant avantages et risques

Vigilance continue (LCB-FT) :

  • Mettre en place une surveillance automatisée des transactions
  • Signaler à Tracfin toute activité suspecte
  • Mettre à jour le profil de risque en cas d'alerte

4. Bonnes pratiques pour un contrôle AMF réussi

Formalisation et diffusion des procédures

La matrice doit être intégrée dans un manuel de procédures signé par la direction. Chaque collaborateur doit connaître ses obligations et les étapes à suivre.

Conseil pratique : Organisez des sessions de formation trimestrielles sur les évolutions réglementaires et les processus internes.

Traçabilité et piste d'audit

Un journal d'alertes permet de prouver que chaque signal a été traité ; l'AMF vérifie la piste d'audit. Gardez des justificatifs de :

  • Chaque contrôle effectué
  • Chaque remise de document au client
  • Chaque mise à jour d'information
  • Chaque décision de surveillance renforcée

Adaptation de la fréquence au profil client

Profil de risqueFréquence de mise à jourDéclencheurs spécifiques
Risque faibleAnnuelleNouveau produit, changement situation
Risque moyenSemestrielleMouvements >10k€, pays sensibles
Risque élevéTrimestrielleTout mouvement, alertes médias

Formation et sensibilisation

La réglementation évolue régulièrement. Les collaborateurs doivent être formés à :

  • La doctrine AMF/ACPR mise à jour
  • Les obligations RGPD spécifiques
  • Les nouvelles typologies de fraude
  • Les outils et procédures internes

5. Automatisation et solutions RegTech

L'automatisation des processus KYC permet de réduire la charge administrative tout en améliorant la qualité des contrôles. Les solutions RegTech modernes offrent :

Orchestration automatisée

  • Collecte automatique des pièces justificatives
  • Vérification en temps réel des documents d'identité
  • Consultation automatisée des registres officiels (RCS, Infogreffe, DataInpi)
  • Scoring de risque basé sur l'analyse des données

Surveillance continue

  • Monitoring des transactions en temps réel
  • Détection d'anomalies par machine learning
  • Alertes graduées selon les seuils configurés
  • Génération automatique des déclarations de soupçon

Traçabilité et reporting

  • Horodatage de toutes les actions
  • Coffre-fort numérique sécurisé
  • Tableaux de bord de pilotage
  • Rapports d'audit prêts pour l'AMF

Important : L'automatisation améliore l'efficacité mais le conseiller reste responsable de l'évaluation de l'adéquation et de la validation des alertes importantes.

Dans un contexte où la gestion documentaire devient de plus en plus critique, l'approche de la gestion documentaire des avocats en droit immobilier peut inspirer les bonnes pratiques en matière d'organisation et de traçabilité des documents de conformité.


FAQ


Conclusion

Mettre en place une matrice de conformité AMF revient à structurer sa gestion de la connaissance client, du devoir de conseil et de la vigilance anti-blanchiment. Les textes de référence imposent une approche par les risques, la vérification stricte de l'identité du client et du bénéficiaire effectif, la production et la mise à jour régulière de documents (DER, lettre de mission, déclaration d'adéquation) et la conservation des preuves pendant cinq ans.

En croisant ces obligations avec des processus définis, des responsables nommés, une fréquence adaptée et un système de preuve, la matrice devient un outil indispensable pour :

  • Anticiper un contrôle AMF
  • Démontrer sa conformité
  • Renforcer la confiance des clients
  • Réduire les risques opérationnels et de sanction

L'automatisation par des solutions RegTech peut considérablement améliorer l'efficacité de votre dispositif, mais n'oubliez jamais que la responsabilité finale du conseil et de la conformité reste celle du professionnel.

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Références :


Mise à jour : septembre 2025 – revue semestrielle selon évolutions réglementaires AMF/ACPR.
Publié le 8 septembre 2025
Environ 2014 mots9 min de lecture

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